Autour de Sunny Love : Arbres, Fleurs et Oiseaux, de Catherine Chantilly, à visiter à l’espace culturel Mendi Zolan jusqu’au 17 décembre 2022. Que vous soyez proche ou éloigné, ses tableaux sont hypnotiques par leurs détails minutieux et réfléchis.
Catherine Chantilly vit au Pays Basque. De par ses nombreux voyages, ses peintures sont imprégnés d’un message de positivité.
Faisons connaissance avec l’artiste :
Pourquoi utilisez-vous cette technique de peinture ? Ce format ?
Catherine Chantilly : J’utilise l’acrylique parce qu’elle est plus adaptée à ma technique de peinture, elle sèche plus vite que la peinture à l’huile. Je peins couche par couche un peu comme une peinture d’icône, très minutieusement et finement et je me sens plus à l’aise avec l’acrylique. Quand je vivais au Brésil et lors de mes voyages, la peinture acrylique était plus facile d’utilisation, plus adaptable à mes déplacements, mes toiles étaient roulées pour le transport. Maintenant que je suis installée au Pays Basque je continue avec la peinture acrylique. Je n’ai pas encore essayé l’huile.
Je peins en général sur des formats assez grands, entre 1mx1m pour les formats carrés et de 1m50x1m20 pour les formats rectangulaires. C’est lié au rapport au corps, s’il m’arrive de peindre sur un petit format, j’ai l’impression d’entrer en écriture, c’est seulement la main qui agit, le rapport au corps est plus réduit main-esprit, alors que sur un format plus grand, mais pas trop, adapté à ma taille 1m64, mon corps est en relation avec le format, c’est à ma mesure. Même si ma peinture est très précise elle n’est pas un geste spontané, le corps entre malgré tout en mouvement, quand je peins, tout mon corps, toute mon âme, mon cœur et mon esprit sont convoqués. Peindre sur un format encore plus grand c’est engagé un autre processus de rapport au corps. Actuellement, avec ce type de format je suis en équilibre entre le corps et la taille des toiles.
J’aime peindre dans des carrés, ils représentent le monde stable, établit, le monde de la matière. A l’intérieur du carré je peins souvent des formes rondes, la forme du cercle est très importante, si on l’observe au microscope les cellules sont rondes, tout semble rond, la vie serait-elle ronde ? Le carré délimite et définit l’espace afin qu’à l’intérieur de celui-ci je puisse exprimer la vie que je ressens. Être infini dans un espace fini.
Le carré est une forme également symétrique, je crois en l’ordre de l’univers tout me semble ordonné dans le cosmos, toutes mes peintures sont symétriques et ordonnées, elles ne souffrent pas du chaos. Je recherche une maîtrise dans l’équilibre de la vie, la vie étant sans cesse mouvement, il me faut trouver cet équilibre entre mouvement et ordre.
Pouvez-vous me parler des couleurs ?
CC : La couleur est liée à la lumière, la lumière est la vie, et la vie est amour. C’est ce que je ressens intensément. A travers la couleur je veux peindre cette vie vivante. La vie me traverse de toute part, elle vit en moi, avec moi et aussi tout autour de moi, qu’elle soit minérale, végétale, animale, humaine et céleste. Tout art est spirituel, il capte quelque chose de la vie parfois invisible aux yeux du monde et le rend visible afin que tous puissent le contempler. Peindre est une expression de la vie, la couleur est l’un des attributs de celui qui peint. A travers la couleur et sa mise en forme, j’exprime ce que je vois, ce que je capte et saisis pour le mettre en peinture et le donner à voir.
Quelle a été votre source d’inspiration pour cette exposition ?
CC : La nature. Le soleil et toute la vie qu’il donne. Pour cette exposition je me suis concentrée sur les éléments de la nature végétale et animale, des fruits, des fleurs, des arbres et des oiseaux. Les fruits qui apportent tant de joie par leur couleur et leur goût succulent, les fleurs merveilleuses de beauté, les arbres majestueux dans leur puissance et les oiseaux capables de s’envoler pour toucher le ciel de sa splendeur.
Quel est le message que vous voulez transmettre à travers vos tableaux ?
CC : Un message de vie qui aime ! Toute ma peinture se veut d’exprimer cette joie, cette explosion de vie qui aime. Je crois en la vie, je choisis la vie, c’est-à-dire je choisis tout ce qu’il y a de meilleur et de plus beau dans la vie, malgré les difficultés et les épreuves. Dans toute vie, il y a des peines parfois très douloureuses. Cette souffrance peut être transformée et devenir notre or intérieur, je le crois très fort. Cela ne veut pas dire qu’elle n’existe plus, elle fait partie de la vie, et pourtant toujours la vie vivante en nos coeurs d’homme qui aiment. Je choisis l’amour, aimer est un choix, c’est le plus difficile. Par mes peintures j’espère pouvoir transmettre cette espérance tout au moins.
La nature a l’air d’avoir une grande place dans votre cœur : comment décririez-vous l’impact qu’elle a sur votre art ?
CC : J’ai repris contact avec la nature au Brésil. Quand j’ai vu cette explosion de nature au Brésil j’ai eu un choc. La nature permet de renouer avec notre être intérieur, l’être pur qui vit en nous. Il est souvent relié à l’enfance, cette enfance qui découvre la vie sans jugement et a priori. Peut-être que pour moi la nature est reliée à mon enfance lorsque je passais mes vacances à la campagne. La nature a réveillé cette âme enfantine qui accepte la vie sans jugement, comme elle est, sans le filtre du mental qui ne peut s’empêcher de raisonner et disséquer. Le mental n’est plus le seul moyen, ni le seul prisme pour comprendre et voir le monde.
Mais la nature n’est pas toujours synonyme de paradis et de tranquillité, elle peut être très forte et violente, j’ai vu les éléments se déchaîner, elle a sa propre vie. Je parle ici de nature en harmonie avec l’homme, où nature et humanité sont en accord, une nature qui ressemble à un paradis terrestre et rappelle en nous ce jardin d’Eden. C’est ce que j’ai vécu au Brésil. A Rio de Janeiro, par exemple, je me souviens que les avocatiers poussaient dans les jardins. Je pouvais les cueillir directement tout comme les bananes et d’autres fruits encore, et ceci dans la ville. Cette abondance de la nature a réjoui mon coeur. J’ai pu constater cette exubérance de la nature lors de tous mes voyages en Amérique du Sud et ailleurs, quelle joie quelle effusion. Bien sûr je le voyais avec mon œil d’européenne mais avoir vécu au Brésil m’a transformée, une part de mon cœur est devenu Brésilien.
Nous faisons réellement partie de la nature, nous ne sommes pas coupés d’elle. La nature peut nous guérir, elle nous remet en vie. La nature a ses propres lois, elle peut nous enseigner beaucoup de choses.
Quelle est votre relation avec le soleil ? Pourquoi le nommez-vous Sunny Love ?
CC : Un matin très tôt j’ai assisté au lever du soleil, c’était à Rio de Janeiro. Ce n’était pas mon premier lever de soleil de ma vie, mais il s’est passé quelque chose de très fort. En effet je voyais cette boule rouge énorme sortir de la mer, les couleurs étaient si intenses or, rose, rouge, pourpre, bleu, blanc. Le ciel était un festival de lumière éclatante et irisée. Dédié à la nouvelle journée, je regardais la grosse boule rougeoyante et incandescente et j’ai eu une révélation : le soleil et notre coeur sont reliés, sont de la même nature. Dans le soleil il y a des particules qui sont aussi dans notre cœur humain, cela m’a semblé comme une évidence. Bien sûr je n’ai pas pu le vérifier scientifiquement, mais spirituellement je ressens ce même amour du soleil, astre de vie de chaleur et de mouvement, que notre coeur humain. Le soleil se donne à la terre, à la création vivante chaque jour qui se fait, et cela universellement sans distinction aucune, c’est absolument merveilleux. Ce fut une révélation christique.