UNA FURTIVA LAGRIMA
Carlo Vogele
Ce court métrage vous sera proposé en avant-programme du film Il Boemo (VO)
En deux mots
À la fois drôle et dramatique, un poisson chante son requiem (celui de Caruso), de la poissonnerie à la poêle à frire.
3 minutes délicieusement absurdes.
Synopsis
Ultime voyage d’un poisson qui chante son propre requiem, depuis la vente à la poissonnerie jusque dans la poêle à frire.
Pour aller plus loin
Ah, la voix de Caruso ! Le plus grand chanteur d’opéra de tous les temps, Enrico Caruso (1873-1921), est la voix d’or de ce court métrage savoureux. Le ténor napolitain honore en effet la bande son de son interprétation du fameux air de la romance éponyme Una furtiva lagrima (soit “une larme furtive”), extraite de L’élixir d’amour de Gaetano Donizetti, créé à Milan en 1832 et qui est le centre sonore du film.
Natif du Luxembourg, le réalisateur Carlo Vogele est passionné par le théâtre, la musique baroque, la mythologie grecque (il est également l’auteur du long métrage Icare, sorti cette année) et… la gastronomie !
Il a toujours vénéré l’animation en stop motion, depuis ses études à Berlin et à Paris, et met à profit ses goûts dans cette aventure mélancolique de trois minutes, où le grand air classique accompagne le chant du cygne d’un poisson, au sens propre comme au sens figuré.
De l’étal du poissonnier à la poêle à frire, en passant par la balance, le sac de course, le frigo et la planche à découper, la caméra suit en gros plan, et par un savant montage un spécimen aquatique, chantant en play-back la mélodie opératique. À noter que toutes les créatures à l’image proviennent du Tokyo Fish Market de Berkeley, en Californie, et que l’image joue l’effet carte postale, avec son charmant format rectangulaire aux coins arrondis.
Générique
Scénario Carlo Vogele
Musique Enrico Caruso
Durée 03’08 – Catégorie Animation – Pays États-Unis – Année 2011
TU PRÉFÈRES – ACTION OU ACTION ?
Lise Akoka, Romane Guéret
Ce court métrage vous sera proposé en avant-programme du film Yo Mama
En deux mots
Drôle, touchant, avec une tchatche d’enfer, ce film capte l’énergie de l’adolescence !
Synopsis
Djeneba tente désespérément de joindre Shaï. Elle retrouve Ismaël et Aladi sur le toit et comprend que Shaï ne viendra pas. Déçue, elle lance un nouveau jeu aux conséquences imprévisibles.
Pour aller plus loin
Et on continue en ce mois de mai 2023 avec les trouvailles de la web-série Tu préfères… Lisa Akoka et Romane Guéret visitent avec humour et sens de l’observation l’adolescence urbaine. Djeneba, Aladi et Ismaël font cette fois sans la quatrième larronne, Shaï. Mais, toujours, avec leur rendez-vous sur les toits, dans le quartier de la Place des Fêtes, en plein 19e arrondissement de Paris.
Cette fois, c’est le défi qui mène la danse. La fille est seule face aux deux garçons, mais tient la barre, tranquille. Elle allume son joint et a l’idée de renverser le fameux jeu “action ou vérité” par un “action ou action” qui tourne, bien sûr, autour du désir et de la provocation. Entre humour et audace, les trois jeunes gens de seize ans mettent leur égo et leur pudeur à l’épreuve. Un baiser étant à la clé…
En moins de sept minutes, le réalisme se nourrit d’un humour savoureux. Au-delà du simple compagnonnage, la joute verbale et juvénile met en jeu les genres, les identités, les pulsions. Les amusements amoureux remplacent les blagues d’enfants (balancer une capote remplie d’Oasis !), et le temps suspendu vient cueillir le tac-au-tac de la battle vitaminée. Quand le défi a été relevé, le trouble et la mélancolie ont gagné.
Générique
Production Superstructure
Scénario Lise Akoka, Romane Guéret, Eléonore Gurrey
Interprétation Mouctar Diawara, Fanta Kebe, Zakaria Lazab, Shirel Nataf
Durée 6’51 – Catégorie Fiction – Genre Humour – Pays France – Année 2020
RIEN À SAUVER
Julien Avèque, Victor Hérault
Ce court métrage vous sera proposé en avant-programme du film Une nuit
En deux mots
Une interprétation sans faille, un sujet original qui brasse plusieurs thématiques centrées sur notre époque : à voir !
Synopsis
“Tu vas pas faire un gosse dans ce monde de merde !”. Un survivaliste en panne rencontre une garagiste enceinte.
Pour aller plus loin
Il est des rencontres soudaines qui font un bien fou. C’est ce que vivent les personnages de ce court métrage cosigné Julien Avèque et Victor Hérault. Le film démarre sur l’humour décalé, avec un effet de montage qui enchaîne un plan rapproché sur un conducteur au volant, pour ensuite cadrer le camion qu’il dirige, poussé à pied par deux femmes sur une route de campagne.
Le jeu avec les genres irrigue les veines de l’aventure. Ce sont des filles qui poussent l’engin dans lequel le gars est assis ; c’est une femme garagiste qui répare le véhicule, assistée par une cadette tout juste enceinte ; et c’est une chronique humaniste qui l’emporte sur la fantaisie annoncée. L’écriture du tandem de cinéastes se fait tendre, via les regards et la connivence.
Rien à sauver aborde une série de problématiques existentielles, sociales, politiques, environnementales, philosophiques, à travers de multiples évocations. Par le son d’une émission radio, comme par les soliloques de la garagiste sans filtre. Mais le monde vaut quand même la peine d’être connu, finit par nous dire cette échappée contemporaine mettant en valeur l’élan, la féminité et le sourire de la jeunesse.
Générique
Production Sourire Productions
Scénario Julien Avèque, Victor Hérault
Interprétation Félicie Robert, Guillaume Camous, Adèle Choubard
Durée 04’00 – Catégorie Fiction – Genre Comédie sentimentale – Pays France – Année 2020
CELL 364
Mathilde Babo, Zoé Rossion
Ce court métrage vous sera proposé en avant-programme du film Les filles d’Olfa (VO)
En deux mots
La Stasi fut dissoute en 1989, une trentaine d’année, c’était hier !
Un film nécessaire.
Synopsis
Alors que l’Allemagne fait figure de modèle démocratique, un ancien détenu de la Stasi nous livre depuis son ancienne cellule un témoignage glaçant qui questionne la pérennité de nos démocraties contemporaines.
Pour aller plus loin
Puissante histoire que celle de ce documentaire de quatre minutes, coproduit par l’Allemagne et la France, et cosigné des réalisatrices Mathilde Babo et Zoé Rossion. Le film se base sur la véritable biographie de Hans-Jochen Scheidler, né en Pologne en 1943. Celui-ci fut arrêté par la Stasi, police politique de la RDA, à 25 ans, le 23 avril 1968, pour distribution clandestine de tracts dénonçant la répression sanglante du Printemps de Prague en République socialiste tchécoslovaque.
Sa voix de 2020 accompagne le film en commentaire audio. Il raconte son vécu et ses souvenirs de la prison berlinoise, devenue aujourd’hui le Mémorial de Hohenschönhausen, dans le quartier de Lichtenberg. La caméra arpente cellules, couloirs, cours, murs, façades, miradors et barbelés carcéraux. Le montage alterne les images fixes et les mouvements, les gros plans sur des détails et les plans larges sur l’édifice.
Les sons additionnels ajoutent de la tension à l’immersion globale. L’évocation du passé résonne aussi avec l’actualité tragique du monde. Le devoir de mémoire fait son œuvre, pour ne jamais oublier, et continuer de résister aux tortures de l’isolement. “Qui dort dans une démocratie se réveille dans une dictature”, rappelle au final le protagoniste.
Générique
Production Salaud Morisset SASU
Durée 04’17 – Catégorie Documentaire – Genre Portrait – Pays Allemagne – Année 2020