UN HOMME QUI M’AIME
Frédérique Barraja
Ce court métrage vous sera proposé en avant-programme du film En bonne compagnie (VO)
En deux mots
Serge Gainsbourg avait écrit Requiem pour un con, Voici la version avec Tom Novembre.
Synopsis
« Qui n’a pas rêvé de tuer son conjoint une fois dans sa vie ? Alors au bout de 20 ans, va-t- elle réaliser son rêve ? Sous ses airs de comédie parodique, ce film soulève le problème de la violence psychologique. Jusqu’à quel point peut-on supporter cette violence anodine, quotidienne qui rabaisse, humilie, culpabilise ? La victime change alors de personnalité, de la tristesse jusqu’à devenir folle. Ce film est un remède cathartique ! A ne pas reproduire chez soi ! »
Pour aller plus loin
Attention, film corrosif ! Frédérique Barraja a le regard percutant. Pas étonnant de la part de celle qui s’est aussi faite connaître comme photographe de plateau chez Claude Miller, Manuel Poirier ou Brigitte Roüan. L’humour noir du scénario d’Un homme qui m’aime est dynamité par le sens du cadrage et la mise en scène au cordeau. D’entrée, le film happe par sa plongée sur un rôti découpé au couteau électrique.
Le mélange des genres transcende ce témoignage fictionnel sur la violence ordinaire. La violence conjugale des mots. La comédie noire – voir l’ironie du titre ! – se glisse en effet dans la chronique de couple, le suspense graduel et les pointes d’horreur. La tension monte du début à la fin de ces trois minutes sur l’humiliation en série. Tel un tueur effréné, le mari assène les piques à sa femme.
Dans la peau des deux protagonistes, leurs interprètes épatent. Sabine Garrigues joue avec flegme la droiture pour garder la face, et celle qui enchaîne les coups bas reçus et les couleuvres à avaler. Face à elle, Tom Novembre assume l’ignominie faite homme, et la cruauté goguenarde du pervers narcissique qui se délecte à manipuler. Leur face-à-face glisse avec précision vers le gore stylisé.
Générique
Production Be Light Films
Musique Eitenne Gautier
Interprétation Sabine Garrigues, Tom Novembre
Durée 03’19 – Catégorie Fiction – Pays France – Année 2022
BUSLINE35A
Elena Felici
Ce court métrage vous sera proposé en avant-programme du film The old oak (VO)
En deux mots
Visible par tous, ce film met subtilement les warnings en matière d’indifférence.
Synopsis
Un bus, trois passagers et une situation sur le siège arrière à laquelle ils ne parviennent pas à se confronter.
Pour aller plus loin
Elena Felici frappe fort avec Busline35A. Elle réussit en cinq minutes à raconter une scène de prédation sexuelle dans la forme inventive et créée de toute pièce du cinéma d’animation. De la simplicité narrative, mais une grande richesse artistique : unité de lieu et d’action – un bus, un soir tombé, cinq personnes assises, et un conducteur ou conductrice hors champ. Et puis le drame, si monstrueusement ordinaire.
En transcendant le réel par son style animé, le réalisme de la situation décrite s’en trouve décuplé. L’étouffement grandit au fur et à mesure que l’agression verbale et proxémique avance, et que l’indifférence des passagères et passager alentour s’exprime par de savants portraits et un chapitrage personnalisé : la vieille dame, le vieil homme et la femme entre deux âges.
Les pensées intérieures des témoins reflètent d’autant plus l’ignominie de l’agression à l’arrière, que les personnages semblent s’y engouffrer par déni et pour s’empêcher d’intervenir. Cette pépite danoise raconte comment la peur fige les corps et active les esprits. Et comment le cynisme collectif empêche la défense, la solidarité, la protection. Implacable autant que brillant.
Générique
Production The Animation Workshop
Scénario Elena Felici
Musique Rasmus Bøgelund, Uri Kranot
Durée 5’50 – Catégorie Animation – Genre Portrait – Pays Danemark – Année 2021
15 AOÛT
Tamara Kozo
Ce court métrage vous sera proposé en avant-programme du film L’Abbé Pierre, une vie de combats
En deux mots
Quel est le réel pouvoir des ONG ? De Sarajevo à Kaboul, le même sentiment d’impuissance se répète. Un éclairage cinglant sur nos petites lâchetés ordinaires.
Synopsis
Kaboul, 15 août 2021. Alors qu’elle est en plein entretien, Maud est interrompue et se retrouve confrontée à sa propre impuissance face au rêve de Sadiqa : celui de vivre.
Pour aller plus loin
Avec une riche expérience accumulée dans le secteur culturel – dans le théâtre, le cirque, puis le casting –, Tamara Kozo nourrit son travail de réalisatrice de son regard transversal. Son film 15 août a été sélectionné dans la liste des cinquante opus retenus en compétition au cours de la 12e édition du Nikon Film Festival en 2022. Celle-ci avait pour thème “Un rêve”.
En deux minutes et vingt secondes, l’auteure nourrit une tension grandissante. Elle mélange avec succès la portée documentaire et le suspense, dans cette interview en terrain où le danger plane. Une journaliste reporter française interroge une femme afghane à Kaboul, où les Talibans avancent et menacent la liberté. Le témoignage est illustré en direct par les coups de fil qui informent.
L’actrice qui incarne l’interviewée, Wazhma Bahar, est citée au générique comme collaboratrice au scénario. Le film met en scène les paradoxes du regard et de l’implication étrangers, face à l’urgence de la fuite. Sadiqa demande à Maud de l’emmener, elle et sa famille, à l’aéroport, mais cette dernière lui répond que c’est impossible, ne lui lançant qu’un “I’ll call you later”.
Générique
Musique Théo Palfray
Interprétation Wazhma Bahar, Anouk Féral
Durée 02’20 – Catégorie Fiction – Genre Drame social – Pays France – Année 2022
LOVE ME TRUE
Inès Sedan
Ce court métrage vous sera proposé en avant-programme du film Simple comme Sylvain
En deux mots
« Tinder, c’est l’épicier arabe ouvert 24h/24 »
Synopsis
Laurence cherche désespérément l’amour. Conseillée par une amie, elle se connecte sur des sites de rencontres en ligne pour trouver l’âme sœur. Elle devient accro à son téléphone et addict à un homme toxique. Adaptation du reportage « Love me Tinder » d’Alain Lewkowicz, réalisé dans le cadre de l’émission radiophonique de Sonia Kronlund « Les pieds sur terre » sur France Culture.
Pour aller plus loin
Aventure cinématographique singulière que ce Love Me True. La réalisatrice Inés Sedan aime raconter l’amour et sa complexité humaine. Son film précédent s’appelait Love He Said, et elle s’attache cette fois à la quête amoureuse via sites et applications de rencontres. Le titre évoque des standards de la romance musicale, de Love Me Do des Beatles à Love Me Tender d’Elvis Presley.
De Love Me Tender au digital, il n’y a qu’un pas, bienvenu ici, puisque Love Me True est adapté du reportage radiophonique Love Me Tinder d’Alain Lewkowicz, diffusé dans l’émission de Sonia Kronlund Les pieds sur terre sur les ondes de France Culture. Ce court métrage d’animation est donc complètement documentaire, puisqu’il reprend les confessions orales de l’héroïne, Laurence, enregistrées et remontées.
L’image aux couleurs pop enchaîne les incursions et les inserts pour illustrer les propos de la protagoniste. L’humour est aussi là pour contrebalancer la rudesse de certains récits, et les expressions imagées sont mises en scène au sens propre. Poser un lapin se manifeste ainsi par de charmantes créatures lagomorphes, posées autour de l’héroïne esseulée. Une saveur frontale qui va bien à Love Me True.
Générique
Production Lardux films
Durée 07’39 – Catégorie Animation – Genre Portrait – Pays France – Année 2023