LE BATTEUR DU BOLÉRO
Patrice Leconte
Ce court métrage vous sera proposé en avant-programme du film Priscilla
En deux mots
Un film culte servi par l’immense talent de Jacques Villeret.
Synopsis
A quoi peut bien penser le batteur du boléro de Ravel pendant toute la durée du morceau ? Avec une application infinie, cet homme va frapper ces mêmes coups sans cesse répétés sur la caisse claire qui se trouve devant lui. Seul le batteur nous intéresse, obstinément pendant la durée du Boléro, jusqu’à l’accord final et aux saluts face au public.
Pour aller plus loin
La première rencontre du cinéaste Patrice Leconte et de l’acteur Jacques Villeret avait eu lieu pour le long métrage Circulez y’a rien à voir (1983), avec aussi Michel Blanc et Jane Birkin. Tous deux se sont retrouvés avec ce Boléro… tourné en un plan-séquence qui débute face à l’orchestre, avec le chef de dos, avant d’effectuer un travelling latéral jusqu’au batteur, situé au fond sur le côté de l’ensemble musical.
L’acteur est ainsi entouré des véritables instrumentistes de l’Orchestre symphonique de Paris, mené par Laurent Petitgirard, qui exécute 7 minutes 30 du Boléro de Maurice Ravel, cette création mythique du compositeur français, musique de ballet pour orchestre créée en 1928.
La mélodie, ultra-connue, repose sur l’uniformité et la répétition, le long d’un lent crescendo, avec des effets variants, jusqu’à un final explosif. Et la gestion de la durée permet à Jacques Villeret de passer d’un masque expressif initial à une série de mimiques et de modulations de parties du visage (regard, sourcils, bouche), au fur et à mesure que le morceau avance. Et la monotonie envahit le corps même de l’interprète, figé et fixé à son siège, répétant inlassablement les mêmes gestes.
Générique
Production PAC
Scénario Patrice Leconte
Musique Maurice Ravel
Interprétation Jacques Villeret
Durée 08’12 – Catégorie Fiction – Pays France – Année 1992
A FAMILY PORTRAIT
Joseph Pierce
Ce court métrage vous sera proposé en avant-programme du film Un silence
En deux mots
Un joli jeu de massacre autour de la famille, orchestré par un maître de l’animation. A ne pas louper !
Synopsis
Un portrait de famille tourne mal à mesure que jalousie et soupçons se font jour, sous le regard implacable du photographe. Le malaise règne à la fin de la séance, laissant présager une journée mémorable.
Pour aller plus loin
Le quadragénaire Joseph Pierce est devenu en quelques années une figure majeure du paysage du court métrage et de l’animation internationale. Ce film récompensé à Clermont-Ferrand en 2010 installe déjà les grands axes de son cinéma : inventivité esthétique et noirceur ambiante. Les traits sont précis, depuis les contours noirs composant les visages et imprégnant la rétine jusqu’aux couleurs vives disséminées dans chaque plan.
L’humour noir se glisse dans l’univers dépeint pendant cette séance chez un photographe. La famille, composée d’un père (Robert), d’une mère (Elisabeth), d’une fille (Mira) et d’un fils (Charlie), finit par régler ses comptes en un jeu de massacre généralisé. Doute, vexation, jalousie, suspicion, rancœur et haine s’enchaînent progressivement, pendant que résonne le déclic des clichés du maître d’œuvre.
L’image au dessin tremblé épouse parfaitement la tension, palpable, et l’explosion tapie dans les échanges. Les sourires se muent en grimaces et la joie partagée dérive en chorégraphie machiavélique. L’expression de la violence passe par des extensions délirantes, comme un nez distendu évoquant les fantasmagories d’un Bill Plympton. La dernière création de Pierce, Scale, a connu les honneurs d’une sélection cannoise à la Semaine de la critique en 2022.
Générique
Production 59 Productions Film
Scénario Joseph Pierce
Musique Dominic Fitzgerald
Interprétation Robert Bathurst, Jack Laskey, Sarah McVicar, Danica Moore, Mitchell Turner
Durée 5’00 – Catégorie Animation – Genre Humour noir – Pays Grande-Bretagne – Année 2010
LES HUMAINS SONT DES CONS QUAND S’EMPILENT
Laurène Fernandez
Ce court métrage vous sera proposé en avant-programme du film Making of
En deux mots
Un film décalé, qui puise son humour réjouissant dans la banalité des situations.
Bientôt un must !
Synopsis
Enfermés chacun dans leur appartement, des voisins racontent à la caméra les petits tracas de la vie en communauté. Petit à petit, quand tout s’empile, il y a de quoi devenir fou.
Pour aller plus loin
Formidable ovni que cette fantaisie d’animation signée par Laurène Fernandez à la Ciné-Fabrique. C’est une chronique humaine complètement réaliste, et complètement barrée à la fois ! En quatre minutes, la réalisatrice raconte un pan de vie collective par le biais de témoignages audio de différents habitantes et habitants d’un immeuble. Les confessions s’enchaînent et le puzzle sonore s’assemble.
Grâce à l’art du stop-motion, la banalité de scènes quotidiennes et des témoignages face caméra prend un tour inattendu. D’autant plus que les personnages sont représentés par des figurines enfantines, faites de coton et de laine, et que la minutie du travail créatif débouche sur un charme total. La musique aussi, avec sa tonalité propre à la mélodie pour bambins. Mais le propos n’a rien de puéril : la réalité de ce monde en quête de lien, au-delà des nuisances sonores, débouche en effet sur une tragédie.
Un drame atroce, que l’animation pulvérise en cocasserie surréaliste, pour finir dans un immense éclat de rire. Les dadaïstes auraient adoré cette courte aventure au titre déjanté et poilant. Une manière débridée aussi de déjouer les conflits de voisinage et de cohabitation immobilière.
Générique
Production La CinéFabrique
Scénario Loriane Arribas
Durée 04’34 – Catégorie Animation – Genre Comédie – Pays France – Année 2021
TOURNESOL
Natalia Chernysheva
Ce court métrage vous sera proposé en avant-programme du film Captives
En deux mots
Un film sur la vie, la résistance, le droit à l’individualité. Un graphisme magnifique, à voir par tous.
Synopsis
Un tournesol pas comme les autres choisit de porter un regard nouveau sur son environnement, il va découvrir un univers totalement différent…
Pour aller plus loin
La réalisatrice russe Natalia Chernysheva livre une nouvelle pépite animée avec Tournesol, ou le portrait d’un être solitaire, vilain petit canard dans une meute soumise en collectif. Un tournesol qui n’en fait qu’à sa tête, en déviant de sa fonction première : tourner – et vivre – avec le soleil. Car ce qui fait vibrer la face de cette immense fleur, c’est la nuit, et non le jour. Et la lune, et non l’étoile diurne.
Face au garde-à-vous discipliné, c’est l’école buissonnière qui tient le haut du pavé. La cinéaste privilégie l’humour pour nourrir le décalage. La plante géante doit en effet faire face aux désagréments des créatures nocturnes. L’escargot veut la manger et le hibou s’y poser. Mais la nuit reste magique, avec sa voûte étoilée, ses comètes et ses satellites clignotants qui émerveillent le tournesol.
La simplicité du trait et la vivacité des couleurs se glissent à merveille dans cette odyssée en plein air, qui fait du sur-place géographique, mais qui voyage par l’imaginaire. En moins de quatre minutes, la réalisatrice enchante en célébrant la différence, la singularité et la résistance à l’uniformisation sociétale. Le tournesol va vivre des moments uniques, même si la résolution sera fatale et définitive.
Générique
Production Folimage S.A.S, Studio Pchela
Scénario Natalia Chernysheva
Musique Artem Fadeev
Durée 04’00 – Catégorie Animation – Genre Adaptation littéraire – Année 2023